П.В. Безобразов

Источник

Записка армянского иерусалимского патриарха Захарии о правах армян на Св. места в Иерусалиме, от 11 Мая 1844 г., переданная 3 Декабря того же года Вл. П. Титовым архимандриту Порфирию для представления своих по оной замечаний53

Declaration de l’époque à laquelle lеs moines Arméniens s’établirent à Jérusalem et proche du saint lien de l’Ascension de notre Seigneur Jésus Christ

Après l’ascension de Jésus Christ au ciel et la venue du St. Esprit, suivant la promesse du Sauveur, l’apôtre Thadе́e se rendit à Edesse auprès d’Abgar, roi des Arméniens de la maison Arsacide, et qui avait embrassé lе christianisme avant la passion et la mort de Jésus Christ. L’apôtre baptise Abgar avec toute sa cour et son armée. Abgar fut donc lе premier parmi lеs rois du monde, qui crut en Jésus Christ. Trois ans après, lorsque Abgar mourût, son épouse Hélène, cette vertueuse reine de l’Arménie, quitta Edesse et alla s’établir à Caran tout affligée, car Lanatruce, neveu d’Abgar, passa cruellement au fil de l’épée toute la race d’Abgar, et occupa le trône d’Arménie. Celui-ci voulut offrir à la reine Hélène la souveraineté des Arméniens de Mesopotamie; mais cette princesse dédaigna la gloire perissable du monde, quitta Caran, accompagnée de nombreux fidèles, et alla s’établir à Jérusalem, où elle fit construire plusieurs édifices dans les lieux saints. A l’époque, οù la ville fut ravagée par une cruelle famine sous Claudius, la princesse Hélène nourrit presque tous les habitans de Jérusalem.

Voila l’époque à laquelle les moines Arméniens s’établirent à Jérusalem. Dans la suite plusieurs édifices furent construits par Tiridate, roi de l’Arménie, et par Constantin le grand, qui embrassèrent le christianisme dans le même temps et qui par conséquent se lièrent d’une amitié étroite.

Il n’existait aucune distinction parmi les chrétiens de Jérusalem jusqu’au concile oecuménique de Chalcedoine; cliaque nation célébrait indiftérement les mystères dans les lieux saints. Mais lorsque Joussouft Saladin sultan d’Egypte se rendit maȋtre de Jérusalem, l’an 1187, l’entretien de tons ces lieux fut confié aux moines Arméniens, car Joussouff Saladin était né en Arménie, dans la ville de Devine, et il aimait beaucoup les Arméniens. Les firmans de ce prince delivrés aux Arméniens se trouvent encore dans les archives de notre convent. C’était donc les Arméniens qui entretenaient ces lieux et les desservaient continuellement.

Lorsque les Ottomans s’emparèrent de Jérusalem, les Arabes commencèrent à batir des maisons autour du lieu de l’Ascension tout près du convent; ils enlevèrent les pierres de murailles et de la coupole de l’église. Alors les Arméniens obtinrent un firman du sultan régnant, pour éloigner les Arabes; mais ils ne purent rien faire. Ils empéchèrent seulement par un firman du Grand Seigneur, qu’ils n’enterrassent point leurs morts autour de l’église, comme ils désiraient, et les saints lieux restèrent intacts.

Cependant, pour ne pas laisser le sanctuaire dans un état inconvenant, les Arméniens se hâtèrent de solliciter la permission du Sultan Soliman fils de Selim, pour restaurer l’église et les murailles des environs, pour en paver la cour, pour у mettre une porte, et pour fermer le sanctuaire, afin qu’il ne fût point profané.

L’an de l’Egire 1022 les Arméniens obtinrent une autre permission pour réparations indispensables. Dans les susdits archives se trouvent des documens innombrables Hoget, delivrés par le juge local pour les réparations des saints lieux pour diftérents procès, que nous avons eu avec les Arabes, ainsi que quantité d’actes appelés Mourasala, d’après les lois Turques.

Tels sont les soins, que les moines Arméniens se sont donnés pour conserver ces lieux saints, afin qu’ils ne fussent point changés en moscué, et que toute la chrétienté n’en fût point privée.

Lorsque le fils de Mehmet Ali Ibrahim Pacha soumit les Arabes de cette ville et reprima leur tyrannie, nous profitâmes de cette opportunité (car nous regrettions de voir dans un pitoyable état le lieu, оù le Sauveur posa pour la dernière fois ses pieds, changé en bercail) ne pouvant plus souffrir les outrages faits au sanctuaire, nous sollicitâmes (1836) et nous dépensâmes une grande somme, fruit de nos économies sur notre frugale nourriture journalière, afin de renouveler le firman et réédifier le temple de Dieu. Nous achetâmes encore alors un nouveau terrain attenant aux murailles du temple, et nous у fimes construire une petite maison divisée en quatre chambres, afin que quelques uns de nos moines puissent у habiter et servir le sanctuaire, en le délivrant de la profanation des Arabes.

Le gouvernement Turque est tolérant; il désirerait, que les lieux saints fussent religieusement honorés. Nous avons desservi ces lieux saints quatre ans consécutifs, sans nous opposer jamais à la célébration des mystères des chrétiens des divers rits. Mais les religieux Européens, jaloux de lеurs préponderance, nous calomnièrent auprès des princes puissants de l’Europe qui, sans mûre deliberation, oubliant les peines, les dépenses, les sacrifices des moines Arméniens et l’honneur du sanctuaire, obéissant aux passions des susdits moines Européens, obtinrent par lеur obsessions un ordre de la sublime Porte de démolir le temple de Dieu, et firent remettre le firman entre les mains des susdits religieux. Ceux-ci au comble de la joie et aux sons de tambours se mirent à travailler jour et nuit avec une irrévérance incroyable, et ils démolirent de fond en comble cette église (1839), comme un temple des payens. Ensuite ils pillèrent les vases sacrés d’or et d’argent, enlevèrent les pierres de l’édifice, déchirèrent les images, mirent en pièces les lustres et les lampes, et dans lеur fanatisme ils cherchaient à rencontrer dans la foule quelque arménien pour le mettre à mort. Une pareille action excita le mépris de Juifs et de Mahometans, qui blamèrent hautement la conduite de ces moines. et qui ne cessent encore journellement d’en temoigner lеur dèsapprobation. Aujourd’hui le sanctuaire a été transformé en étable, оù l’Arabe, qui méprise tous les chrétiens en général, fait parquer ses troupeaux.

L’auteur de cette destruction s’attirera, sans doute, la vengeance du ciel, lors même qu’il serait quitte des peines temporelles, il n’échappera point à la condamnation éternelle, puisqu’il a eu l’insolence de mépriser le culte de Dieu, et de faire remettre le lieu saint entre les mains des infidèles.

Néanmoins il pourrait bien réparer sa faute, s’il a soin de rendre la pareille avec un vrai repentir, en faisant rébatir le saint lieu et en le confiant aux moines Arméniens. Mais s’il n’est pas en son pouvoir de faire cela, il pourra bien payer les dépenses de ces édifices, ou, qu’il se donne la peine d’obtenir un firman de la sublime Porte afin que les moines Arméniens puissent le faire construire et у habiter; autrement il ne pourra jamais éviter la vengeance du ciel.

Enfin le fanatisme de ces moines ne cesse pas de nous persécuter, comme vous le verrez dans le fait suivant.

Le 4 Mai 1844.

Cette année la fête de l’ascension devant être célébrée ensemble par tous les chrétiens, le soir de la veille de cette solennité nous allumâmes suivant l’usage une chandelle dans le lieu saint; mais les moines Européens furieux jetèrent en dehors la chandelle et le chandelier avec outrage, et ils ne nous laissèrent point nous approcher du sanctuaire. C’était un spectacle digne de compassion! Plût au ciel que le Juif crût en Jésus Christ, et qu’il у allumât de milliers de chandehes, ce serait une gloire à la chrétienté, et jamais un outrage. Je parle aux vrais chrétiens, et je demande justice suivant les saintes lois de Dieu.

La ville de Jérusalem se trouve sous l’empire de la sublime Porte, qui est maȋtresse de concéder le pouvoir à qui veut. Or la sublime Porte n’a permis aux religieux Européens par son ordre impériale, que d’y célébrer l’office divin le jour de l’ascension, mais les moines n’ont pas la permission d’opprimer les chrétiens d’un autre rit. La démarche donc de ces religieux est une vraie tyrannie.

Je prie le ciel de susciter un prince bienveillant et pacifique, afin qu’il fasse justice après mûr examen, et qu’il délivre les saints lieux et la religion des outrages continuelles des Arabes.

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Рукопись Порфирия III A 8 = 76.


Источник: Безобразовъ П.В. Материалы для биографии епископа Порфирия Успенского. Том 1. С.-Петербург, тип. В.Ф.Киршбаума, 1910. – 867 с.

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