Е.С. Марей

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Un encyclopédiste, théologien et juriste: Isidore de Séville et ses idées sur le droit et la justice

Le royaume de Tolède (567–711/713) est un royaume unique dans l’histoire de l’Europe latine. II n’a existé que 150 ans environ, mais sa culture qui continue la tradition culturelle des provinces hispaniques de l’Empire romain, est tres grande. L’épanouissement culturel est sans doute lié à Isidore de Séville († 636), dont l’héritage est l’objet de ce travail.

Toutes les oeuvres isidoriennes sont écrites en général dans le but de systématiser les connaissances thésaurisées et de les adapter à la réalité visigothique, y compris les sciences sur le droit, qui est la partie imprescriptible de la culture. Bien qu’Isidore se soit formé dans le cadre de la culture de l’Antiquité tardive, ses idées sur le droit et la justice expriment le développement de la conception médiévale de la justice.

Les notions isidoriennes du droit et de la justice avaient été étudiées par les his- toriens et les juristes, parmi lesquels on peut nommer G. Martínez Díez, M.C. Díaz y Díaz, J. De Churruca, A. García Gallo, P. Séjourné, J. Fontaine, P. Cazier et d’autres. Pourtant, malgré ces travaux qui sont très importanté, on n’a jamais particulièrement examiné la figure d’Isidore-juriste. Pour l’étudier correctement, il faut examiner non seulement les relations des idées isidoriennes et du droit canonique, mais aussi l’influence du droit romain sur Isidore. Parmi les nombreuses oeuvres d’Isidore, j’ai choisi six traités qui sont très importants pour la reconstuction de la pensée juridique d’Isidore. Ce sont les “Differences”, les “Sentences”, les “Synonymes”, le traité “Des offices ecclésiastiques”, la “Règle monastique” et bien sûr son impressionante encyclo- pédie, les “Étymologies”, dans laquelle les notions juridiques du Sévillan sont reflétées en détail.

Isidore est né c. 560 dans une famille hispano-romaine riche et filustre. II a été bien élévé par son frère aÎné Léandre, l’évéque de Séville et sa soeur Florentine, qui était abbesse. Les maÎtres d’Isidore le préparaient à l’épiscopat ou au monachisme, et, comme on peut voir à travers ses oeuvres, il connaissait bien les Saintes Écritures et les traités des Pères de l’Église. Par ailleurs Léandre et Isidore ont réuni à Séville une grande bibliothéque, où beaucoup de textes religieux voisinaient avec les livres séculiers. Bien sûr, la plupart des textes remains existait sous forme d’anthologies, néanmoins on peut affirmer que le Sévillan possédait quelques traités de Cicéron et aussi des sources juridiques, comme le “Bréviaire d’Alaric”, les “Institutions” de Gaius, certains travaux de Paul et peut-être d’Ulpien.

Gráce à son érudition, Isidore a créé les oeuvres qui ont prédéterminé le développement culturel dans le royaume de Tolède. Comme les premiers théologiens, Isidore de Séville considere l’héritage antique, et aussi le droit romain, comme un instrument pour concevoir la sagesse chrétienne. En définissant les termes juridiques, Isidore utilisait non seulement les textes des juristes romains (ce qui serait bien compréhensible), mais aussi les poèmes, la littérature et les traités théologiques. Toutes ces sources si différentes sont également importantes pour Isidore, parce que, selon son opinion, le droit est une part de la culture rhétorique, et que les termes examinés appartiennent au vocabulaire juridique autant qu’à la morale et à la philosophie. Isidore n’a mentionné des termes du droit romain stricto sensu qu’une fois – au livre V des “Étymologies”, consacré au droit. Au contraire, le Sévillan s’interessait aux concepts de la philosophie du droit, et leur interprétation le stimulait beaucoup. II faut noter que ces conceptions étaient tres importantes pour les juristes romains, comme pour les premiers peres de l’Église.

Isidore de Séville unit le droit et la morale chrétienne; on peut dire que, dans ses oeuvres, le droit est comme l’une des sources du comportement juste. Mais en l’occurrence le Sévillan n’est pas contraire à la tradition antique, car les juristes romains raisonnaient aussi sur le bien et la piété, bien que ces raisonnements ne soient pas le thème principal des leurs oeuvres. Mais l’évêque de Séville a fortement renforcé la partie de la moralité. Isidore, qui était clerc en premier lieu et juriste en second lieu, était un juriste à la nouvelle manière. Son but principal consistait dans l’éducation chrétienne du lecteur, c’est pourquoi toutes ses oeuvres deviennent de plus en plus didactiques. En conséquence, Isidore formule peu à peu les principes de la justice médiévale en utilisant les conceptions du droit romain.

En dehors de ses occupations littéraires Isidore a fait beaucoup pour le développement du droit canonique. II a présidé les deux conciles provinciaux de Séville (en 619 et en 624), et aussi le concile national de Tolède (en 633). Le IIе concile de Séville en effet siégea comme tribunal provincial: il trancha la plupart des conflits entre évéques qui concernaient les litiges des biens d’Église. En somme, les évéques émirent 13 canons. Quelques années plus tard, pendant le IIIе concile de Séville, Isidore rendit un jugement injuste, car il condamna un clerc innocent et le priva de la dignité écclesiastique. C’est pourquoi il n’incorpora pas les canons de ce concile à la Collectio canonica hispana, et ils se sont perdus.

La présidence d’Isidore au IVе concile national (a. 633) est devenu l’un des événements les plus importants dans l’histoire du règne de Tolède. Y furent adoptés 75 canons, qui réglementaient le statut des clercs et les rapports juridiques dans l’Église. C’est Isidore de Séville qui a inspiré la plupart des décisions adoptées.

Tout d’abord, les peres du IVе concile unifièrent l’office divin qui était assez différent dans les diverses provinces. A partir de ce concile commence á se former une liturgie unique. On fixa les dates et la périodicité des réunions des conciles nationaux. De nombreux décrets étaient dédiés aux devoirs des clercs ; les autres réglementaient la vie des moines et l’économie monastique. Quelques canons touchaient au statut des affranchis de l’Église, qui deviennent les clients de celleci á partir du IVе concile de Toléde. Et enfin un dernier groupe de canons concerne les juifs. II est bien probable qu’Isidore fut l’auteur de ces canons. Ces dix canons ont inauguré la politique antijudalque du royaume de Tolède, qui allait durer jusqu a sa fin.

Le dernier canon est le plus intéressant, parce qu’il représente les idées de l’élite ecclesiastique (et en premier lieu d’Isidore de Séville) sur le roi idéal. Le canon 75 atteste du rôle de l’Église dans le royaume de Tolède. Les évéques les plus instruits qui la représentent, prétendent à l’administration du pouvoir royal. Donc le IVе concile national de Toléde (comme tous les conciles visigothiques nationaux) est plus qu’un synode écclesiastique. C’est la loi de l’union du roi et de l’Église, la loi de leur “symphonie”, qui a été formée par Isidore.

L’apogée d’activité juridique d’Isidore est sans doute la Collectio canonica Hispana, qui avait été prise comme base du droit canonique du royaume visigothique. Le clergé a re<¿u un recueil des canons unifié et systématisé. L’Hispana pouvait servir comme manuel de droit canonique dans les écoles ecclésiastiques et monastiques. II est aussi important que l’évêque de Séville ait inclu les conciles de l’Espagne visigothique dans la tradition de l’Église oecuménique, augmentant ainsi l’autorité de l’Église visigothique.

En somme, il faut souligner qu’à cette époquelà les concepts juridiques passaient pas à pas dans le lexique de la théologie, s’enrichissant de sens nouveaux. Ce n’est pas étonnant. Ce sont les évêques et les moines qui se sont mis à créer la culture nouvelle. lis entretenaient des scriptoria et y copiaient les livres anciens. lis écrivaient des oeuvres littéraires, scientifiques et théologiques. Les évéques étaient juges dans leur diocèse. Dans les écoles monastiques et épiscopales on étudiait surtout les Saint – es Écritures et les canons conciliaires (bien que les oeuvres principales des auteurs romains aient aussi été enseignées). C’est pourquoi la théologie a occupé l’ancienne niche du droit et, pas à pas, la théologie a absorbé le droit. C’est ainsi qu’Isidore de Séville et ses disciples ont formé la culture nouvelle, la culture du Moyen Age.


Источник: Марей Е.С. Энциклопедист, богослов, юрист: Исидор Севильский и его представления о праве и правосудии. М: Русский фонд содействия образованию и науке, 2014. — 280 с.

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